Note de présentation
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) vient de publier un rapport, préparé en vue de la COP 26 (Glascow, novembre 2021) : Neutralité carbone en 2050 : Feuille de route pour le système énergétique global. (Net Zero by 2050 : A Roadmap for the Global EnergySector)
Le rapport fait plus de deux cents pages ; il présente plus de quatre cents indicateurs d’exécution. Autant dire qu’il ne peut être résumé en quelques lignes. Ce qui suit n’est donc qu’un relevé de quelques points saillants du document.
Une des conclusions les plus remarquées est que l’Agence recommande de ne plus investir, à partir de cette année, dans de nouvelles productions d’énergie fossile.
Cette position, très tranchée, est d’autant plus remarquable que l’AIE, créée au moment des premiers chocs pétroliers, a longtemps été considérée comme le porte-parole de l’industrie pétrolière face à l’OPEP. La qualité de la démonstration est impressionnante : elle est l’aboutissement des travaux de l’AIE sur les données relatives à l’énergie, combinant pour la première fois les deux principaux modèles de l’Agence : World Energy Outlook et Energy Technology Perspectives.
Le rapport montre qu’à l’horizon 2050, les énergies renouvelables, et dans une faible mesure le nucléaire, couvriront les besoins ; il décrit et chiffre les investissements en recherche, équipements et infrastructures nécessaires. Il décrit les principales conditions pour que la neutralité carbone puisse être atteinte dès 2050.
Et notamment :
➤ le développement de nouvelles technologies – la première étape, jusque 2030, est basée sur des technologies actuellement sur le marché, et un effort très important de R&D est requis pour disposer à partir de 2030 de technologies qui ne sont à l’heure actuelle qu’au stade du démonstrateur.
➤ l’accès à l’électricité : il est nécessaire de fournir en électricité les presque huit cents millions de personnes qui n’ont pas accès à l’électricité et des solutions de cuisson propres pour 2,6 milliards de personnes – pour un coût correspondant à 1% des investissements actuels dans le secteur de l’énergie.
➤ la gestion des risques : la sécurité de l’approvisionnement en énergie va se poser de façon nouvelle : l’importance accrue de l’électricité peut poser de problèmes nouveaux de variabilité et de cybersécurité.
Le rôle des pouvoirs publics est souligné : pas seulement pour mettre en place des financements, ou pour faciliter le financement privé, mais aussi pour que les décisions soient claires, transparentes, acceptées par la population. Le rôle des pouvoirs publics est important aussi en matière de coopération internationale, en particulier afin de permettre aux économies les moins avancées de déployer les technologies et les infrastructures nécessaires, et parce que les changements induits par cette conversion économique de grande ampleur vont avoir des effets positifs nombreux, mais aussi beaucoup d’effets négatifs – sur l’emploi ou les revenus dans les régions productrices d’énergies fossiles par exemple. Les équilibres et les compensations ne peuvent se mettre en place que dans le cadre d‘une coopération internationale.
Le but de tout cela est évidemment d’éviter les effets d’un dérèglement climatique. Mais les conséquences économiques – que l’AIE a évaluées avec l’aide du Fonds monétaire international – sont très positives, avec la création nette de nombreux emplois et la possibilité de création d’emplois dans des zones géographiques en manque d’emploi. Les efforts en matière d’innovation technologique pourront avoir des conséquences au delà du secteur de l’énergie. Les conséquences sociales sont aussi très importantes, par exemple à la suite de l’amélioration de la qualité thermique des logements. Et l’amélioration de la qualité de l’air évitera chaque année deux millions de morts prématurées dès 2030.
Consulter le rapport (en anglais) : cliquer ici
C’est pas gagné pour la neutralité carbone.
Il y aurait 600 centrales à charbon en projet de construction dans le monde.
La Chine concentre près de la moitié des projets de centrales (plus de 250 GW sont programmés), suivie par l’Inde (65 GW), la Turquie et l’Indonésie. Au total, quelque 190 gigawatts de centrales à charbon sont en construction dans le monde et 332 gigawatts supplémentaires sont programmés.